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ASFC
2003
Le
tour du monde en quatre-vingt (deux) films
Avec
82 films analysés dans ce numéro, 2003 s’avère une année plus
chargée que d’ordinaire, et démontre que l’intérêt du public et
des réalisateurs pour la science-fiction et le fantastique ne
se dément pas.
Aucune
surprise, la moitié de ces films nous vient des Etats-Unis, avec
une répartition habituelle : une vingtaine de métrages relèvent
du fantastique et de l’horreur, une quinzaine de la science-fiction,
et sept de la fantasy. Maître incontesté du blockbuster, de la
grosse machine dopée aux effets spéciaux et aux scènes d’action
spectaculaires, Hollywood n’a pas ménagé sa peine cette
année : Hulk, La Ligue des gentlemen extraordinaires,
Matrix 2 & 3, Pirates des Caraïbes, Terminator
3, X-Men 2... Autant de titres destinés à casser la
baraque et qui, pour la plupart, ont réussi leur coup.
En
France, seize œuvres relèvent des genres qui nous intéressent
ici, un nombre très supérieur à la moyenne des années passées.
Et c’est le fantastique qui se taille la part du lion. Un fantastique
différent de son confrère américain, moins spectaculaire, plus
psychologique. Si la plupart sont oubliables, on retiendra néanmoins
Dancing, Maléfique, Pas de repos pour les braves,
et surtout un Haute tension étonnamment gore. Et la science-fiction,
dans tout cela ? Nous avons exclu de notre sélection Le
Temps du loup, qui pourrait relever de la SF post-apocalyptique,
mais reste beaucoup trop allusif pour rentrer dans le cadre de
cet ouvrage. C’est donc du côté du dessin animé qu’il faudra regarder,
avec les très intéressants Kaena - La Prophétie (un film
en 3D) et Les Enfants de la pluie.
Côté animation
fantastique, on oubliera volontiers La Légende de Parva
pour s’intéresser aux deux fables que sont Le Chien, le général
et les oiseaux, et surtout La Prophétie des grenouilles.
Au final, un bilan hexagonal mitigé, donc : de la quantité
émergent des œuvres intéressantes, ça frémit, mais le fantastique,
sans même parler de la SF, peinent toujours à trouver leurs lettres
de noblesses.
En
Europe, il convient de saluer une fois de plus le travail effectué
en Espagne. Cette année, quatre films fantastiques, la plupart
dignes d’intérêt, ont en effet traversé les Pyrénées : Darkness,
Les Enfants d'Abraham, Intacto, et Sans nouvelles
de Dieu. Reste à souhaiter que le bon élève persévère dans
cette voie, et que son exemple fasse tache d’huile dans le reste
de l’Europe. A cet égard, 2003 aura été, toutes proportions gardées,
une année prodigue, puisque sept productions de quatre autres
pays européens nous ont été proposées. Après Dog soldiers,
sur le thème du loup-garou, les cinéastes anglais se sont intéressés
à un autre classique, le zombie, avec le très bon 28 jours
plus tard. A noter également, Les 9 vies de Thomas Katz,
un étonnant délire, expérimental et inclassable. Une autre curiosité
fantastique expérimentale nous est venu de Russie : L’Arche
Russe. Du Danemark, un dessin animé pour les plus petits,
Prop & Berta, et un film aux limites du fantastique,
It’s all about love. Enfin, pour la première fois dans
nos colonnes, deux œuvres italiennes, le dessin animé fantastique Opopomoz,
et une nouvelle adaptation – hélas particulièrement malheureuse
– du célèbre Pinocchio.
Comme
d’habitude, les productions asiatiques nous viennent principalement
du Japon. Avec le film Dark Water, le fantastique nippon
confirme son goût pour les ambiances angoissantes. Moins classique,
I.K.U. est un film de SF érotique. Pour le reste, il s’agit
– mais est-ce une surprise ? – de dessins animés. Outre Interstella
5555 (adaptation de la musique du groupe Daft Punk), et Animatrix
(une production américaine, mais réalisée par des japonais dans
la tradition manga), on retiendra Le Château dans le ciel,
Cowboy Bebop, et Le Royaume des chats : tous
trois nous rappellent combien qualité et dessin animé riment particulièrement
au pays du soleil levant.
En
dehors du Japon, la production asiatique qui est parvenue jusqu’à
nous se réduit à une peau de chagrin : le dessin animé
coréen Mari Yiagi, le fantastique thaïlandais The Eye,
et trois courts métrages coréens, hongkongais et thaïlandais réunis
sous le titre 3, histoires de l’au-delà. C’est peu, mais
au moins la sélection est-elle réussi puisque chacun de ces titres
mérite le détour.
Terminons
ce petit tour du monde avec d’une part la
Nouvelle Zélande et le troisième et dernier volet
du Seigneur des anneaux, et d’autre part le Canada :
si La Turbulence des fluides s’inscrit dans un fantastique
onirique classique (mais de qualité), la surprise vient de Hugo
et le dragon, un spectacle de marionnettes filmé, et Dracula,
pages tirées du journal d'une vierge, l’adaptation d’un ballet
lui-même adapté du célèbre roman de Bram Stoker.
On
le voit, les esprits chagrins qui se plaindraient (pas toujours
à tort !) de l’omniprésence des superproductions à effets
spéciaux / scénarii timbre poste, disposent malgré tout
d’un petit panel de films originaux, souvent expérimentaux, en
tout cas animés par la volonté de sortir des sentiers battus (et
fort mal distribués et médiatisés).
Du
centre de la Terre aux lointaines galaxies
A
travers une vingtaine de titres, la science-fiction cinématographique
a pu en explorer les principaux thèmes du genre.
Bon,
passons très très rapidement sur les comédies pour adolescents que
sont Cody Banks : Agent secret et Spy kids 2 (les
aventures d’espions en herbe à la
James Bond affrontant des menaces mondiales ;
malgré quelques points intéressants, les deux films manquent résolument
d’ambition), et abordons les choses sérieuses. 2003 aura été, entre
autres, l’année Matrix. En 1999, les aventures de Neo dans
et en dehors de la Matrice avaient fortement marqué les esprits.
Cinq ans après, les frères Wachowski prolongent et bouclent leur
univers en sortant à quelques mois d’intervalle Matrix reloaded
et Matrix Révolutions, ainsi que Animatrix, neuf dessins
animés comblant quelques « trous » laissés par la trilogie. Hélas,
si Reloaded est de bonne facture et apporte des surprises,
Révolutions boucle la trilogie d’une manière particulièrement
décevante : beaucoup d’effets, mais pauvreté du script, et
beaucoup de lourdeurs. Quant à Animatrix, le niveau est décidément
trop hétérogène, et seules quelques courts métrages surnagent, sans
jamais casser la baraque. Frilosité,
ou manque d’inspiration ? Toujours est-il que les frères Wachowski
ont raté l’occasion d’entrer dans la légende aux côtés des
trilogies Star Wars et Le Seigneur des anneaux.
Il
n’y a pas que dans Matrix que les machines représentent une
menace pour l’humanité. Après deux films qui avaient, en leur temps,
explosé le box office, les robots de Terminator sont de retour.
Le niveau scénaristique de Terminator 3 s’avère nettement
plus basique que dans les Matrix ; surtout, il est répétitif :
T3 exploite, en quelque sorte, la franchise initiée en 1984
par James Cameron. Mais ce Soulèvement des machines n’est
pas exempt de surprises, grâce notamment à une fin laissant espérer
un quatrième opus qui viendrait refermer la boucle. Dans l’éternel
thème science-fictif « Des machines et des hommes », les
machines n’ont pas forcément le mauvais rôle, certaines nous veulent
même du bien comme l’illustre le japonais et érotique I.K.U.
Décidément,
il est dit que notre futur proche sera loin d’être rose, du moins
si l’on en croit le film d’anticipation Equilibrium :
si cette dystopie à la 1984 n’apporte pas grand chose de
neuf, sa réalisation honnête, son esthétisme, font qu’elle mérite
malgré tout le détour. C’est un futur plus dickien que nous propose
Cypher avec, une fois n’est pas coutume, un scénario un peu
plus élaboré que la moyenne. On ne peut pas en dire autant de Fusion
– The Core, film catastrophe catastrophique au prétexte original
(il faut relancer la rotation du noyau terrestre !), mais avec
une abondance de clichés et d’invraisemblances qui font de ce nouveau
voyage au centre de la Terre un piètre nanar.
La
SF, ce n’est pas seulement l’avenir proche et son cortège de malheurs.
C’est aussi le voyage dans l’espace, l’exploration de mondes lointains.
Symbole du genre, Star Trek nous livre une nouvelle aventure
sur grand écran de l’Enterprise et de son équipage nouvelle génération.
Pas de surprise : les longs métrages Star Trek n’ont
jamais prétendu révolutionner la SF, et Star Trek : Nemesis,
à réserver aux fans, ne déroge pas à la
règle. A l’opposé du space opera haut en couleur
se trouve Solaris, une nouvelle adaptation du roman de Stanislas
Lem, où sobriété et psychologie tiennent le haut du pavé ;
au final, un échec, aussi bien d’un point de vue science-fictif
(la richesse du roman original a été oubliée dans un carton) que
cinématographique (la réalisation est sans inspiration). Pour faire
passer l’amertume de la pilule, atterrissons sur deux planètes exotiques,
celles des Enfants de la pluie et de Kaena – La Prophétie :
un dessin animé et une animation en 3D, tous les deux français,
tous les deux de qualité, où l’exotisme des décors ne phagocyte
pas l’histoire. Ou alors, faisons tout simplement un petit voyage
sur la planète Mars :
Cowboy Bebop est un polar SF de bonne tenue, avec une animation
de qualité digne des maîtres japonais en la matière. Enfin, pour
les amateurs de la musique du groupe Daft Punk, il y a Interstella
5555, qui mérite doublement le terme de space « opera »
puisqu’il s’agit d’un dessin animé musical.
Quand
un genre rencontre les faveurs du public, Hollywood ne se prive
pas d’exploiter le filon, et c’est bien ce qu’il fait depuis quelques
années avec les super héros de bande dessinée. Cette année, quatre
comics se voient adaptés sur grand écran. Faiblesse du scénario,
faiblesse des moyens, Daredevil est définitivement à oublier,
et si Hulk bénéficie d’un visuel réussi, il nous faut déplorer
l’absence d’une histoire digne d’intérêt. On ne pourra que recommander
aux réalisateurs et producteurs de ces deux films de prendre des
leçons auprès de X-Men 2. Quand une bonne histoire rencontre
une réalisation littéralement époustouflante, cela donne tout simplement
un des meilleurs films de l’année. C’est un comics un peu
différent qui a été également adapté, je veux parler ici de La
Ligue des gentlemen extraordinaires et de son univers steampunk : malheureusement,
non seulement nous sommes bien loin des personnages et de l’esprit
des BD originales (à la différence des trois titres précédents),
mais une interprétation et une réalisation médiocres nous le font
jeter sans remords aux oubliettes.
L’année
fantastique
La
plupart des monstres classiques du fantastique étaient au rendez-vous.
A tout saigneur, tout honneur, commençons par le vampire. Dracula,
pages tirées du journal d'une vierge est une production canadienne
originale, puisqu’il s’agit d’une adaptation filmée d’un ballet
inspiré par le Dracula de Bram Stoker. A côté de cette curiosité,
Underworld est un film d’action plus habituel : mettant en
scène deux célébrités, les vampires et les loups-garous, le
résultat est une honnête série B, pas révolutionnaire pour un sou.
A propos de créatures immortelles, voici le zombie qui entre en
scène, avec 28 jours plus tard. Bien qu’il ne s’agisse pas
au sens strict de zombies, le film britannique en reprend suffisamment
de caractéristiques et de codes pour rentrer dans cette catégorie.
Grâce à une vision du thème un peu inhabituelle, 28 jours plus
tard est un film bien mené du début à la fin, et il s’avère
un des rares à essayer de nous questionner, à travers l’inhumain,
sur la nature humaine. Hé oui, les vieux monstres ont encore des
choses à nous dire.
Le
fantôme est à la mode, aussi bien de l’autre côté de l’Atlantique
(merci Sixième sens !) qu’en Asie ou en Europe. Ainsi
l’Espagne nous livre-t-elle, avec Darkness, une histoire
de maison hantée peut-être classique, mais de bonne facture. Le
bateau fantôme est également présent, avec Le Vaisseau de l'angoisse
et Abîmes. Nuits de terreur et The Eye misent
quant à eux sur d’autres classiques : pour le premier,
le spectre qui se venge sur les descendants de ceux qui lui ont
fait du tort de son vivant ; pour le second, les visions
surnaturelles. Mais attention, le spectre est capable de se mettre
au goût du jour – téléphone, vidéo, Internet – comme
le montrent Le Cercle (remake du japonais Ring) et
Terreur point com. On ne trouvera rien d’exceptionnel dans
cette liste, mais des divertissements angoissants bien menés (à
l’exception de Nuits de terreur et Terreur point com,
sans intérêt).
Le
fantastique, c’est aussi la parade des monstres. Monstres venus
du fond des âges avec Brocéliande et Maléfique, tous
deux oubliables. Le plus grand serial killer, la Mort en personne,
fait son retour dans Destination finale 2, pas inintéressant
mais qui ne tient pas la durée. Un autre classique : le croque-mitaine,
le monstre caché sous le lit et dans les recoins obscurs, source
de nos terreurs enfantines ; mais après un départ intéressant,
Le Peuple des ténèbres finit par tourner à vide. Deux autres
croque-mitaines se sont affrontés, et non des moindres, j’ai nommé
Freddy Krueger et Jason Voorhees dans Freddy contre Jason :
autant dire, le choc des titans ! Le Diable et ses sbires sont
de la partie avec le dessin animé Opopomoz et le film espagnol
Sans nouvelles de Dieu. Si tous deux donnent plutôt
dans l’humour, la légèreté (difficile de faire autrement avec ce
thème bateau), Le Purificateur préfère se pencher sur
une créature plus originale : le « dévoreur de péchés ».
Enfin, le monstre humain est présent à travers La secte inquiétante
des Enfants d'Abraham, le très gore (et français, hé oui !)
Haute tension, ou, plus dans la tradition du slasher movie,
Détour mortel. L’angoisse est parfois plus efficace lorsqu’elle
exploite les comportements bizarres de personnages tout ce qu’il
y a de plus humains, plutôt que les gros monstres baveux, comme
le montre Willard.
Dans
l’ensemble, pas grand chose à retenir dans cette liste : Willard,
et, dans un style complètement différent, Freddy contre Jason
et Haute tension. De même cherchera-t-on en vain le salut
dans ces films basés sur quelque pouvoir surnaturel : télépathie
(Dreamcatcher), chance (Intacto), immortalité ou
invulnérabilité (Le Médaillon, Le Gardien du manuscrit
sacré).
On
peut alors porter son attention sur un registre complètement différent : celui
d’un fantastique à la limite du genre, intimiste, voire onirique.
Ce genre a la faveur des réalisateurs européens, comme en témoignent
les films français Dancing, Les Jours où je n'existe pas,
Pas de repos pour les braves, La Vie nue, le danois
It's all about love, ou le franco-canadien La Turbulence
des fluides. Mentionnons, pour terminer, Dark water,
venu du Japon. Le point commun de tous ces films ? Un événement
fantastique discret, servant à déclencher l’intrigue plutôt qu’à
la soutenir, et se focalisant sur les personnages et leurs interactions.
Une
catégorie de films en est très proche, et fait même figure de sous-genre
tant elle revient sur nos écrans, année après année. Par quelque
événement fantastique restant le plus souvent inexpliqué, un personnage
voit son existence bouleversée, ou se voit offrir une deuxième vie,
une seconde chance ; à l’issue de ce parcours initiatique,
il se remet en question et redémarre sa vie sur de meilleures bases.
Freaky Friday, Rire et châtiment, Mauvais esprit,
Bruce tout-puissant... A chaque fois, une idée intéressante
mais inexploitée, prétexte à une quelconque bluette débordante de
bons sentiments.
Pour
en finir avec le fantastique (jusqu’à l’année prochaine), citons
en vrac le parodique Scary Movie 3 (d’un humour inégal
globalement pas très réussi), et dans le registre du pur film d’aventure
un Tomb raider 2 décevant, et, surtout, le truculent
Pirates des Caraïbes.
La fantasy se fait toujours attendre
En
dehors du dessin animé, la fantasy éprouve toujours des difficultés
à s’imposer au cinéma. Depuis trois ans, deux titres de qualité
ont soutenu le genre : Harry Potter (mais le troisième
opus n’a pas pu sortir en 2003, la série ne parvenant pas à soutenir
le rythme d’un film par an) ; et Le Seigneur des anneaux.
Avec la sortie du Retour du Roi, le formidable pari de Peter
Jackson se termine. Et après ? Le succès public et critique
de tels œuvres ont-ils ouvert la voie, montré l’exemple à d’autres
réalisateurs et producteurs ? On ne peut que le souhaiter,
mais pour le moment nous ne voyons rien venir. Que nous reste-t-il
alors ? Une comédie sans intérêt, Elfe ; un conte
de fées raté, le Pinocchio de Roberto Benini. En France,
deux métrages : un Rencontre avec le dragon qui n’a
pas l’air d’y croire, et Le Monde vivant, une expérience
formelle intriguante qui mélange conte classique et monde contemporain.
Alors
il nous reste le dessin animé, en particulier cette valeur sure qu’est
la fantasy animalière destinée aux plus jeunes : Les Aventures
de Porcinet, La Famille Delajungle, Hugo et le dragon,
Prop et Berta. A la fois pour les enfants et pour les adultes,
on oubliera Le Livre de la jungle n°2 (Disney continue d’exploiter
son prestigieux patrimoine en multipliant les suites d’un intérêt
douteux) et La Légende de Parva. En revanche, Sinbad,
la légende des sept mers ne manque pas de qualités, et La
Prophétie des grenouilles est une jolie fable humaniste. Le
film 3D humoristique de l’année, Le Monde de Nemo, confirme
une fois encore le talent des scénaristes et des graphistes des
studios Pixar. Enfin, signalons Les Looney Tunes passent à l'action,
un mélange de prises de vue réelles et d’animation rendant hommage
aux personnages des dessins animés de la Warner : si nous sommes
loin de l’humour pétillant de Qui vent la peau de Roger Rabbit
ou de Rocky & Bullwinckle, cette comédie inégale vaut
malgré tout le détour. Pas de surprise, ce sont les japonais qui
nous offrent les plus belles pièces, deux récits initiatiques superbement
animés, poétiques et imaginatifs : Le Château dans le ciel
(mais sorti sur nos écrans avec quinze ans de retard) et Le Royaume
des chats.
Suites
et adaptations
Comme
chaque année, livrons-nous à une petite récapitulation des suites,
remakes et adaptations littéraires, bref, de ce qui ne relève pas,
ou pas complètement, d’un scénario original.
Cette
fois-ci, un seul remake : Le Cercle, initiative intéressante
qui propose une autre vision du film japonais Ring. Par contre,
on trouvera comme d’habitude une pléthore de suites. Si Le Livre
de la jungle 2, Star Trek 8 et Scary Movie 3
étaient dispensables, et si c’est incontestablement X-Men 2
qui tire le mieux son épingle du jeu, on trouvera quelques éléments
intéressants dans Tomb raider 2, Spy kids 2,
et surtout dans Destination finale 2, Matrix 2 & 3
et Freddy contre Jason. Terminator 3 réussit
à faire avancer la saga malgré un scénario recyclé, ce qui n’était
pas gagné d’avance. Avec un minimum d’imagination et de conviction,
les suites permettent de retrouver avec plaisir de "vieux amis"
(ou de vieux ennemis !), et dans le meilleur des cas de développer
un univers ébauché par un premier film (toutes proportions gardées :
l’industrie cinématographique n’a aucunement cette ambition, plutôt
réservée à la littérature, et dans certains cas aux séries TV).
Côté
adaptations littéraires, plusieurs écrivains de SF / fantastique
sont à l’honneur avec Les Enfants d'Abraham (Ramsey
Campbell), Dracula, pages tirées du journal d'une vierge
(Bram Stoker), Dreamcatcher (Stephen King), Le Seigneur
des anneaux (J.R.R. Tolkien) et Solaris (Stanislas Lem),
ainsi qu’une nouvelle adaptation (une de plus) du Pinocchio
de Collodi. Quelques auteurs moins connus se voient également portés
à l’écran : Dark water (nouvelle de Kôji Suzuki), Freaky
friday (Mary Rodgers), Willard (Gilbert Ralston).
Quant
à la bande dessinée, elle a le vent en poupe : le dessin animé
français La Légende de Parva (d’après une BD de Milo Manara),
le manga Le Royaume des chats, et surtout les adaptations
de comics américains. Pour ces derniers, si les titres adaptés
sont prestigieux – Daredevil, Hulk, La Ligue des
gentlemen extraordinaires, X-Men, excusez du peu – seul
ce dernier fait véritablement honneur à la création originale.
2003
aura donc été une année prodigue, couvrant pratiquement tout le
spectre de l’imaginaire SF et fantastique. Si les coups de cœur
sont nombreux (le lecteur pourra consulter les notations de la rédaction,
en fin d’ouvrage), ces derniers relèvent principalement de divertissements
formatés évitant toute prise de risque, et l’on regrettera l’absence
d’un ou deux films à la fois exceptionnels et qui cueillent le spectateur
par surprise, un film du niveau de Donnie Darko, par exemple.
Toutefois, la variété des thèmes abordés et des traitements combleront
tant le cinéphile que l’amateur de SF et de fantastique.
Philippe
Heurtel
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